Compte-rendu De La Construction Du Pont Du Limfjord Entre Aalborg Et Nørre-sundby

— 27 — deux piles devant être construites au lieu d’une et ces deux piles devant être reliées entre elles au moyen d’une construction en fer très solide et très chère qui aurait à porter la superstructure. L’autre méthode était la solution la plus belle et la plus complète du problème, mais elle présentait des difficultés extraordinaires et était accompagnée d’un risque considérable pour les entre- preneurs. Percer d’abord, à une profondeur de 21 mètres, une masse de maçonnerie comme celle de la pile, couverte en dehors et en dedans de constructions en fer, et descendre ensuite une nouvelle pile entre les débris de l’ancienne pile jusqu’à une profondeur de 34 mètres sous la surface de l’eau, c’était un travail d’une nature si particulière et si inconnue, que l’on pouvait bien rester interdit en pensant à toutes les circonstances imprévues qui pourraient en entraver l’exécution. Après des explorations faites pendant longtemps et avec beaucoup de soin, les entrepreneurs se décidèrent néanmoins à choisir la dernière méthode, c’est à dire à descendre la nouvelle pile en traversant l’ancienne. Les ingénieurs de la Compagnie de Fives-Lille méritent la plus grande reconnaissance, par- ce qu’ils ne se sont pas laissés intimider par les difficultés qu’ils rencontreraient en exécutant ce travail, et il faut admirer leur habileté à surmonter tous les obstacles et la précision avec laquelle ils surent mener à bonne fin toute l’entreprise. Ainsi, la reconstruction de cettte pile est devenue, grâce à leur activité, une des parties les plus belles et les plus intéressantes de tout ce grand ouvrage. L’établissement de l’échafaudage pour la nouvelle pile fut commencé au printemps de l’année 1877. Il a fallu (voir pl. IX) disposer les pilots d’une manière un peu différente d’auparavant, en les descendant en deux groupes, un groupe de chaque côté de la pile renversée, et reliés à leur sommet par deux poutres en fer de 1G mètres de longueur, sur lesquelles étaient installés les vérins qui portaient la pile. Le 5 juillet 1877, onze mois donc après le renversement de la première pile,- le caisson de la nouvelle pile était placé sur l’échafaudage, et la descente commença. Après avoir continué la descente jusqu’à une profondeur d’env. 12 mètres sous le niveau ordinaire, les entrepreneurs parvinrent au résultat qu’il fallait changer la place de la pile, parce qu’elle rencontrerait, si l’on continuait la descente, le caisson de la pile renversée, dont on considérait le Changement de l’emplacement de la pile. percement comme inexécutable. La pile fut donc déplacée, suspendue toujours aux chaînes, sur une étendue de 3 m,15 vers le sud, distance qui correspond à celle qu’il y a entre deux montants de la superstructure. A cet effet, on plaça sur le sommet des pilots les plus proches AD et BC (voir Pl. IX) des longrines doubles en bois de forte dimension que l’on prolongea au-delà des pilots méridionaux en en soutenant les extrémités libres contre ces pilots à l’aide d’étais solides. Puis on cala entre ces longrines et le bord inférieur des deux poutres en fer, e et f, des pièces de bois que l’on recouvrit de plaques en fer, afin de former une surface unie sur laquelle les poutres citées pussent glisser pendant le déplacement. Après avoir enlevé la partie méridionale du plancher, et après avoir envoyé, afin d’alléger la pile, de l’air comprimé dans la chambre de travail jusqu’à une pression d’une atmosphère, on poussa les poutres lentement vers le sud au moyen de crics qui furent appliqués sous chacune de leurs extrémités. Cette opération réussit parfaitement. La pile était ainsi suspendue sur le côté méridional de l’échafaudage, ce qui fit qu’il devint nécessaire d’enfoncer plus tard encore deux pilots sous les extrémités libres des longrines citées, les pilots de ce côté étant maintenant un peu trop chargés. Le 25 août 1877, le bord imférieur du tranchant du caisson rencontra la pile renversée à une Percement de la pile profondeur de 13 mètres sous le niveau ordinaire, et le percement de la pile fut commencé. Cette renversée, opération, on dut la faire avec la plus grande précaution, surtout au commencement, afin d’empêcher que la nouvelle pile ne glissât sur la surface inclinée de la pile couchée. On disposa donc, en effec- tuant la maçonnerie, le poids de la pile de telle sorte qu’elle pût se tenir presque flottante sans exercer aucune pression essentielle sur les objets subjacents.