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Le percement fut exécuté au moyen de ciseaux à froid, en perçant d’abord un petit canal
concentrique au tranchant du caisson et le dépassant assez pour qu’il pût librement traverser la ma-
çonnerie environnante, et en éloignant ensuite de la même manière les autres matériaux qui se trou-
vaient dans la chambre de travail.
En général, ce travail fut très pénible, et l’on eut surtout de grandes difficultés à mettre en
pièces le tube de descente, qui dut être brisé en petits morceaux avant qu’on pût l’éloigner de la pile.
Le travail avança cependant régulièrement; on n’avait qu’une crainte, et c’était que les pièces
détachées de l’ancienne pile ne s’enfouissent dans le sol et ne serrassent la pile de manière à en
entraver la descente. Cette crainte ne fut pas justifiée, mais peu de temps après que le côté méri-
dional du tranchant eut dépassé la maçonnerie, on remarqua que la nouvelle pile commençait à s’incliner
vers le nord, probablement à cause d’une pression provenant de la partie méridionale de la pile
renversée.
Ce déplacement continuait, et l’on dut arrêter les travaux de fonçage — et soutenir la pile
à l’aide d’un étançonnement provisoire contre la superstructure, qui était avancée à cette époque
presque à mi-chemin entre la pile et la culée du côté de Nørre-Sundby (voir pi. IX).
En formant en même temps un talus de gravier devant le côté septentrional de la pile, on
réussit à la redresser, de sorte que l’on put recommencer le fonçage.
Lorsqu’on eut atteint une profondeur de 20 mètres sous la surface de l’eau, on rencontra
subitement de grandes pièces en fer; c’était toute la partie méridionale de l’ancien caisson avec les
consoles qui y étaient rivées; mais on n’en trouva ni le plafond, ni les poutres en tôle qui le ren-
forçaient; il faut donc supposer que le plafond et la partie septentrionale du caisson seront restés
attachés à la pile. Lorsque la pile se coucha et se déplaça en même temps vers le nord, la partie
méridionale du tranchant aura été retenue par le sous-sol, et cette partie du caisson se sera détachée
et aura pris la position renversée montrée sur la planche IX.
L’éloignement de ces pièces en fer, que l’on rencontra contre toute attente, causa des diffi-
cultés assez considérables, toutes les pièces devant être tout à fait démontées et en partie coupées
en morceaux, comme celles du tube de descente, afin de pouvoir les faire sortir à travers le sas.
On réussit enfin le 4 avril 1878 à enlever les dernières parties de la pile renversée; le perce-
ment avait ainsi en tout pris 7 mois et demi et nécessité un travail moyen, continué jour et nuit,
de 40 ouvriers.
On retira de la pile, en tout: 20,300 kilogrammes de pièces en fer, 280 mètres cubes de
maçonnerie et 5 mètres cubes de bois appartenant à l’échafaudage.
L achèvement du fonçage fut effectué absolument de la même manière que celui des autres
piles; seulement, la pile ne descendit pas régulièrement à fur et à mesure que l’on eut effectué les
déblais, mais on fut souvent obligé de diminuer la pression d’air pour faire descendre la pile, ce qui
fait supposer que les débris de l’ancienne pile auront donné lieu à un frottement assez considérable.
On réussit néanmoins à descendre la pile exactement à plomb, et le 11 août 1878, donc après 13
mois de travail, la reconstruction de cette pile était terminée.
File numéro 3.
La construction de cette pile, qui fut commencée le 7 septembre 1876 et dura 12 mois,
jusqu’au mois de septembre 1877, n’offrit aucune circonstance d’intérêt particulier, si l’on excepte que
l’on réussit à descendre cette pile jusqu’à 26 mètres sous la surface de l’eau, sans employer l’air com-
primé, la pile s’enfonçant par son propre poids dans la vase, que l’on extrayait ensuite du tube de
descente ouvert, soit au moyen de la drague américaine, soit au commencement en déblayant le tube
de la façon ordinaire, la vase étant compacte et imperméable.